Quintet le roman de Frédéric Ohlen l'écrivain incourtournable de Nouvelle-Calédonie
Quintet a été tiré à 4 000 exemplaires, dont un quart destiné à la Calédonie. Il sera également disponible en version numérique et sous la forme d'un fichier pdf. L'auteur n'a pas signé un, mais deux contrats distincts avec son éditeur : l'un concernant l'ouvrage, l'autre pour les droits cinématographiques. Et visiblement, « ils y croient beaucoup ».
Le décor
Heinrich (trisaïeul de l'auteur) et Maria Ohlen ont quitté la région de Hambourg pour tenter l'aventure à Sydney. Ils y tiennent une pension de famille où un émissaire de James Paddon viendra les courtiser. Avec leurs fils John-Henry et Charles-Hermann, ils s'installent en mai 1859 à Gadji. Heinrich a déjà 50 ans. Comme les autres habitants de “Paddonville”, le couple devra affronter sécheresse, invasion de criquets et maladies… mais n'abandonnera jamais. Malgré les conflits, la paix fragile, le choc des cultures. Alors qu'à dos de jument Maria la sage-femme sillonne la brousse, Heinrich poursuit un idéal : une école laïque pour tous, Européens comme jeunes Kanak… au nez et à la barbe des missionnaires ! Un jeune instituteur arrive bientôt de Belgique. Et le gouverneur Guillain accorde sa “bénédiction“ au projet…
Dans le village de Païta, l'école Heinrich-Ohlen perpétue aujourd'hui la mémoire du pionnier, dont l'établissement pilote ouvrit le 1er juillet 1864 à Gadji. Il y a 150 ans.
CV express
Écrivain, poète, éditeur, enseignant, cet auteur prolifique de 54 ans a écrit une vingtaine d'ouvrages et en a publié le double, ceux des autres (surtout aux éditions L'Herbier de Feu), s'efforçant de susciter encore et toujours le goût de lire et le plaisir d’écrire. Poèmes, nouvelles, essai, pièces de théâtre… il aura touché un peu à tous les genres. Lauréat de nombreux prix, président de la Maison du Livre, il a été fait chevalier des Arts et des Lettres en 2009.
Quintet de Frédéric Ohlen
Collection Continents Noirs, Gallimard Parution : 13-03-2014
«Les Blancs ont leurs propres mots pour appeler le monde. Eux, le voient autrement. Dans leur langue, tout est taillé trop petit. Et le monde a du mal à entrer dedans. Il ne veut pas. Il se cache. Fait la sourde oreille. Ça laisse un trou, son départ. Après, l'homme blanc se venge. Sur lui, et sur tout le reste. [...] Ce que je vous propose? Naviguer ! Dépasser les dernières écluses. Ne plus entendre dans vos cales le choc monotone des pelles, ne plus sentir ce poids qui s'accumule au fil des jours et vous anesthésie.» À la toute fin, enfant raflé, enlevé à son île, Fidély se confie. Des blackbirders féroces le font passer, en quelques semaines, du Dream Time à l'âge du fer, de l'oralité à l'écriture. Mais ce roman musical n'est pas une suite pour violoncelle seul. Cinq voix s'y mêlent, cinq vies reliées à la manière d'un quintet de jazz. De Maria, l'infirmière intrépide, à Heinrich, le bâtisseur, de Monsieur Gustin, jeune instituteur, au très cavalier capitaine de Rieu, c'est toute une frange d'histoire(s) qui s'ouvre à la magie des origines, à la raison laïque, à la passion humaniste, au bonheur comme au blues. Livre d'aventures, récit où l'on sent, entre swing et silences, le battement du sang, voici l'épopée d'un continent oublié, et d'un pays : la Nouvelle-Calédonie.
Je pense que je n’ai pas besoin d’expliquer ce sentiment d’être aspiré dans un livre après quelques pages… C’est en fait ce qui s’est produit hier matin quand j’ai commencé la lecture de Quintet. Je ne voulais plus trop le mettre de côté.
J’ai découvert un nouvel auteur, un nouveau pays – à peine pouvais-je localiser la Nouvelle-Calédonie sur la carte – et un style d’écriture tout à fait à part.
J’ai été transporté dans un autre siècle (fin 19e), j’ai vécu sur une île, sur un bateau d’esclaves, j’ai appris des nouveaux mots et vécu plus d’une aventure. Est-ce qu’on peut demander plus pour passer un dimanche ?
À cause du nom de famille, Ohlen, d’un des protagonistes de ce livre, le lecteur peut s’imaginer que l’auteur a fait le voyage dans le temps pour découvrir les origines de ses ancêtres sur cette île. Mais n’importe, il a vraiment écrit un roman avec une grande bouffée d’air… réjouissant !!
Kenavo, sur le forum « Parfum de livres »
Retour en 2010 et la récompense plus que méritée pour cet auteur calédonie