Alban Bensa, anthropologue invité du SILO 2015
Alban Bensa, a donné une conférence ce lundi 28 septembre à la bibliothèque Bernheim pour son récit de la rébellion de 1917, un soulèvement réprimé dans le sang, environ 300 Kanak sont tués, sans compter les déplacements de populations et la destruction d’habitations. Un livre magistral qui fera date, avec un titre magnifique inspiré par un poème qui retrace sur 800 vers cet épisode douloureux de l’histoire du Caillou recueilli par l’anthropologue chez les habitants de la région de Koné.
Pierre Faessel a présenté son invité du Silo 2015 d’une manière dithyrambique, son enthousiasme est compréhensible tellement l’ouvrage de l’anthropologue semble être le tournant de sa carrière mais avant de lui céder la parole pour parler de son chef-d’œuvre Les Sanglots de l’aigle pêcheur (700 pages, un CD de 40 minutes, plusieurs parties bilingues traduites du paicî par Kacué Yvon Goromoedo. Pierre a présenté Émancipations kanak dans la revue Ethnies n° 37-38, 2015[1]. L’anthropologue n’hésite pas à commencer ses récits d’anthropologie par un poème de Dewé Gorodé et les finir par un de Paul Wamo. C’est une manière originale d’aborder la littérature kanak qui découle souvent de poème transmis oralement comme celui qui sert de référence au récit de la rébellion de 1917 et de la Grande Guerre. Ce mode de communication et le fonctionnement de la transmission ont été très bien expliqués par le professeur Bensa. L’anthropologue a remercié ses collaborateurs archivistes et traducteurs ainsi que l’académie des langues kanak qui a subventionné l’ouvrage.
Cet ouvrage qui fera référence pour les générations futures, écrit, principalement, d’après un long poème fait penser au poème, une copie de de rerum natura, de la nature de Lucrèce (50 av Jésus Christ) retrouvé par Poggio Bracciolini dit le Pogge en 1417 qui a influencé les plus grands penseurs de la Renaissance. Cette mémoire kanak, traduite et transcrite par Alban Bensa, toute proportion gardée, est peut-être pour notre pays le chainon manquant qui permettra de mieux comprendre la culture kanak, car si le sujet de cet ouvrage est 1917, il y a beaucoup d’autres choses dans ce livre. Ce livre, c’est du patrimoine transcrit avec un égal partage entre l’histoire, la littérature et l’anthropologie. JP