Prix du Livre Insulaire 2016/ le palmarès officiel.

Publié le par ecrivainducaillou.over-blog.com

Prix du Livre Insulaire 2016/ le palmarès officiel.
En cette année 2016 qui célèbre les 500 ans de l’ouvrage Utopia de Thomas More, le jury a souhaité primer la diversité des expressions littéraires dont les îles sont l’objet ? et la diversité des zones géographiques où les îles sont mises en livre.
Dans le livre de More, l’île Utopie est un lieu idéal qui n’existe pas : on y vit sans argent, on y est tolérant… Les îles sont toutefois des lieux bien réels qui souvent engendrent et parfois préservent la diversité – biologique, culturelle, géographique… - de la Terre face au processus d’homogénéisation contemporain que l’on appelle mondialisation. L’utopie insulaire est alors non pas l’absence de lieux mais, au contraire, l’affirmation de la nécessité de maintenir et de faire vivre la singularité des îles : le Salon du Livre insulaire participe de cette utopie là, que reflètent les livres primés cette année.

Prix Science

Daniel Margueron pour son ouvrage Flots d’encre sur Tahiti, sous-titré 250 ans de littérature francophone de Polynésie Française publié à l’Harmattan dans la collection Lettres du Pacifique. Ce prix science s’accompagne d’une mention spéciale du jury adressée à l’ouvrage de Jean-Pierre Bonnafoux : la Corse en mutation, aux éditions Albiana.

Prix Littérature générale : deux ex aequo

Vol à Vif, de Johary Ravaloson, publié aux éditions Dodo Vole

Côté chambre, côté jardin de Joseph-Antoine d’Ornano publié aux éditions Michel de Maule.

A ces deux prix, s’ajoutent deux mentions spéciales pour ponctuer la diversité des genres littéraires qui étaient en compétition cette année. La première mention revient à Kenneth White qui, dans sa « Mer des lumières » publiée par Le Mot et le Reste. La seconde mention revient à Pierre Joseph Ferrali qui publie aux éditions Albiana « Aussi longtemps que l’herbe poussera.

Prix roman policier insulaire :

Le Baiser d'Hypocras de Françoise Le Mer, aux éditions Palémon

Prix Littérature jeunesse :

Le Roi du Lys de Patrick Durville aux éditions du Cyclone avec une mention spéciale pour le livre d'Alex Cousseau Le Fils de l'ombre paru aux éditions du Rouergue.

Le Grand Prix des îles du Ponant 2016 :

Corse, les fromages, Casgi, furmagli è brocci (Collectif) aux éditions Albiana

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Les membres du Jury 2016

Littérature générale, littérature scientifique et Grand Prix des îles du Ponant :

Président Christophe Grenier, Gilbert David, Henri Belbéoch, Catherine Domain, Jacqueline De Roux.

Littérature Jeunesse :

Françoise Lamour, Myriam Bernard, Elisabeth Barbe, Apoline Tual, Rose Orlach, Bertille Mironneau

Littérature policière :

Françoise Rouxel, Alexis Gloaguen, Serge Patard, Fançoise Cozan, Paul Jézequel.

Prix SCIENTIFIQUE 2016

FLOTS D'ENCRE SUR TAHITI 250 ans de littérature francophone en Polynésie française de Daniel Magueron Editions l'Harmattan

Dans cet esprit, le prix Science du 18e salon du livre insulaire a été décerné à Daniel Margueron pour son ouvrage Flots d’encre sur Tahiti, sous-titré 250 ans de littérature francophone en Polynésie Française publié à l’Harmattan dans la collection Lettres du Pacifique dont il constitue le 60e titre. Il s’agit d’un ouvrage de 481 pages qui complète et enrichit une thèse publiée en 1989 « Tahiti dans toute sa littérature ». Depuis, la production littéraire en Polynésie s’est considérablement accrue, notamment dans le domaine de la fiction. « Flots d’encre » est donc un livre sur les cinq grandes classes de littérature produites en Polynésie : la littérature orale polynésienne traditionnelle, la littérature océanienne, la littérature néo-océanienne, la littérature francophone autochtone, la littérature «tahitionophone ».

Il s’agit là du premier ouvrage traitant de littérature qui soit primé à Ouessant dans la catégorie Sciences. Par ce choix, le jury a voulu montrer que cette catégorie ne se limite pas aux seuls sujets relevant des sciences physiques et biologiques mais est ouverte aux autres champs de la connaissance, dès lors que l’étude présentée adopte une méthode rigoureuse et reproductible. Tel est le cas du présent ouvrage, avec notamment un index des noms cités qui couvre une quinzaine de pages. Le propos est enrichi par 31 aquarelles, la plupart étant des portraits d’écrivain(e) dont la production littéraire est présentée et analysée. Le jury a ainsi retrouvé avec émotion l’évocation de nos « chers disparus » : Jean-Jo Scemla et Jean-Marc Pambrun.

Dans sa conclusion intitulée « Lire et écrire l’île-terature polynésienne, D. Margueron souligne que « Tahiti s’identifie depuis deux cent cinquante ans à la tentation du livre….. Ce n’est pas dans l’acte d’écrire que réside la paix, la compréhension entre les hommes, la justice et le bonheur, mais dans des valeurs reconnues, partagées et respectées…. La littérature. peut porter ces valeurs, les rendre perceptibles, les communiquer au lecteur, parce qu’elle est d’essence utopique, parce qu’elle s’adresse à la conscience, à l’intimité la plus impénétrable de l’homme ».

Ce prix science s’accompagne d’une mention spéciale du jury adressée à l’ouvrage de Jean-Pierre Bonnafoux : la Corse en mutation, aux éditions Albiana. Ce gros livre, écrit dans un style simple et personnel, est une bonne introduction à la Corse contemporaine, présentée sous plusieurs facettes - le « paese » (ou le village), la famille, la violence, etc – et replacée dans un contexte historique qui en éclaire bien des aspects.

Le prix Sciences bénéficie d'une dotation à l'auteur de 700 euros, accordée par Le Parc Naturel Régional d'Armorique.

PRIX LITTERATURE GENEREALE 2016 : 2 prix ex aequo

Le prix «Littérature générale » du 18e salon du livre insulaire a été décerné à deux ouvrages : « Vol à Vif », de Johary Ravaloson, publié aux éditions Dodo Vole et « Côté chambre, côté jardin »   de Joseph-Antoine d’Ornano publié aux éditions Michel de Maule.

Vol à vif de Johary Ravaloson Editions Dodo vole

« Vol à Vif »  est un pan d’une littérature du Sud qui dévoile au lecteur du Nord une réalité qui peut lui sembler bien éloignée de son environnement quotidien mais qui justement rythme la vie des hommes et des femmes des îles de la zone intertropicale. C’est vers le sud-ouest de Madagascar et plus précisément au cœur du pays des Baar – l’un des 18 « peuples » de la Grande Île - que ce roman nous entraîne pour nous faire saisir sur le vif les vols de zébus. Loin d’être anecdotiques, ces vols de bétail structurent le quotidien des régions sèches de Madagascar, dont les populations s’adonnent à l’élevage somptuaire – aux finalités sociales plutôt qu’économiques – des zébus. Le roman s’ouvre sur la fuite éperdue des Dahalo (les « bandits ») qui poussent leur troupeau volé à travers l’immense plateau rouge de l’Urumbe pour aller se cacher dans le massif labyrinthique de l’Yshal, poursuivis par des gendarmes qui leur tirent dessus…

 Côté chambre, côté jardin de Joseph-Antoine d’Ornano Editions Michel de Maule.

« Côté chambre, côté jardin » est un voyage intimiste de la chambre au jardin, itinéraire ponctué de 29 miniatures, Joseph-Antoine d’Ornano étant également peintre et emprunt d’une douce musique qui naît des mots et les enveloppe d’une quiétude vaporeuse : « J’appartiens à la dernière génération de ceux qui ont eu la chance de naître dans la chambre d’un appartement. D’autres, avant moi, durant des siècles, ont connu un destin plus singulier encore, celui de naître et mourir dans la même chambre. Aujourd’hui, on le sait, les choses ont changé » (p.11). « Le mystère qui encoure les jardins tient peut être en ceci, qu’à leur manière, ils ont pris le relais des chambres. Certes on ne naît pas dans un jardin, on y meurt rarement, mais juste après la naissance et juste avant la mort, on aime bien s’y retrouver, de sorte que, dans un même temps, enfance et vieillesse, y font toujours bon ménage » (p.17).

A ces deux prix, s’ajoutent deux mentions spéciales pour ponctuer la diversité des genres littéraires qui étaient en compétition cette année.

La première mention revient à Kenneth White qui, dans sa « Mer des lumières » publiée par Le Mot et le Reste, renoue avec la tradition du livre de voyage. Ce sont ici l’île de la Réunion, celle de Maurice et l’archipel des Seychelles qui sont mises au pas de l’écrivain, de ses rêves et de ses rencontres.

La seconde mention revient à Pierre Joseph Ferrali qui publie aux éditions Albiana « aussi longtemps que l’herbe poussera », un ouvrage qui nous emmène dans les prairies américaines en voie de mise en barbelé sur les traces du conducteur et des passagers d’un vieux camion Ford de 1959, qui n’a jamais pu démarrer. On est là dans le registre d’une littérature coup de poing américain, bien éloignée de l’écriture feutrée J A d’Ornano.

LE GRAND PRIX DES ILES DU PONANT 2016

Corse-Fromages, dirigé par Bernard Biancareli et Jean-Michel Sorba, Editions Albiana

Le grand prix 18e salon du livre insulaire a été attribué à l’ouvrage collectif Corse-Fromages, dirigé par Bernard Biancareli et Jean-Michel Sorba, édité chez Albiana. Ce gros ouvrage - auquel ont contribué sociologue, agronome, linguiste, généticien, accompagnateur de haute montagne, professeur des écoles, anthropologue, zootechnicien, agronome et directeur éditorial - illustre la notion de « fait social total » de Marcel Mauss : en Corse, le fromage permet de comprendre des pans importants de l’histoire, de la géographie, de la société, de l’économie de l’île… Le livre est magnifiquement illustré de photos anciennes et actuelles, de gravures et de cartes, de graphiques et de croquis, et la diversité des auteurs n’empêche pas une lecture aisée alors que les différents thèmes sont traités avec une grande précision. Après une passionnante introduction sur l’histoire du pastoralisme en Corse, l’ouvrage est organisé en trois parties qui passent successivement en revue l’univers pastoral, la confection des divers fromages de l’île et leur importance dans la société et la culture corses contemporaines. Un livre qui donne envie d’aller en Corse et d’en manger les fromages avec appétit ! Un livre qui exprime parfaitement une singularité insulaire qu’il ne devrait pas être utopique de conserver…

Le Grand Prix des îles du Ponant bénéficie d'une dotation à l'auteur de 1500 euros, accordée par L'association des ïles du Ponant.

Prix littérature jeunesse 2016

Le roi du Lys  de Patrick Durville Aux Éditions du Cyclone.

Quatorze livres en compétition cette année. Albums ou romans, des horizons divers, s'adressant aux plus jeunes comme aux adolescents.

Quatre livres sont vite ressortis de cette sélection :

Des abeilles et des hommes, Fred THEYS

Je suis né sous la terre / Je suis née sous l'eau, Valie LE GALL et Alex COUSSEAU

Le fils de l'ombre et de l'oiseau, Alex COUSSEAU

Le roi du Lys, Patrick DURVILLE

Le choix final s'est porté sur Le roi du Lys de Patrick Durville Aux Éditions du Cyclone.

Un Robinson Crusoé des temps modernes

Patrick DURVILLE tient son lecteur en haleine dans ce livre, plein de rebondissements, qui relève à la fois du manuel de survie et du roman d'aventure. C'est ce qui est souligné sur la 4è de couverture :

« En même temps qu'une formidable aventure trépidante, cet ouvrage éducatif est une véritable ode à la nature. Sous la forme d'un roman, il décrit avec force et passion des situations vécues sur une île qui existe réellement. »

Prix 2016 du roman policier insulaire

 « Le baiser d'Hypocras », de Françoise Le Mer, Editions Palémon. www.palemon.fr

Cette année, le jury du prix du livre insulaire a dû choisir au sein d'une sélection de haut niveau, qui l'a fait voyager grâce à des romans de toutes les origines et tournés vers des horizons variés : Nouvelle-Calédonie, Suède, La Réunion, Saint-Pierre et Miquelon, les îles Bretonnes. Des livres allant vers le roman historique, le fantastique, la poésie ou l'anticipation. Au final, un choix difficile pour le jury du prix du polar.

Notre choix s'est porté en fin de compte sur « Le baiser d'Hypocras », de Françoise Le Mer, paru aux éditions Palémon. Ce livre nous a frappé par sa trame implacable, ses traits d'humour, sa finesse : un vrai talent d'écriture. Le récit est rythmé et riche de rebondissements intéressants. Les deux policiers fétiches de l'auteure mettent en valeur par leur côté balourd une galerie de caractères, qui sont tout sauf secondaires, et dont la psychologie est approfondie. Les homosexuels et les réactions qu'ils peuvent susciter sont bien compris. Surtout, un phénomène social dont on commence à parler, celui des hommes battus, est étudié avec une précision hors du commun.

L'un des traits les plus attachants de ce livre tient à des vignettes étonnantes et à des références très bien analysées de certaines habitudes pédagogiques de la Grèce antique, de la psychologie des pervers narcissiques et la manière dont ils cachent bien leur jeu, des bons et mauvais usages de la ciguë, de la société aisée qui vit sur l'île aux Moines et travaille dans les commerces de luxe des quartiers riches de Vannes.

Outre le talent d'écriture de Françoise Le Mer, une auteure confirmée, on sent aussi la richesse de sa culture, de ses connaissances, de sa recherche documentaire et son intérêt pour tous les domaines.

Au total, un ensemble de très belle tenue, drôle et palpitant.

Publié dans Divers

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