France, Chine, Asie, des relations anciennes grâce aux jésuites
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A l'origine, l'Asie désigne l'ensemble des terres s'étendant à l'est du détroit du Bosphore. C'est à partir du XVIe siècle que le terme recouvre les limites territoriales reconnues aujourd'hui. Le continent asiatique couvre près de 44 millions de kilomètres carrés, du Proche-Orient à l'Asie du Sud-Est, de l'Inde à la Sibérie.
Ce corpus présente un large ensemble de documents numérisés qui témoignent des relations entre la Chine et la France depuis le Moyen Age jusqu’à l’entre-deux-guerres. La France s’est intéressée très tôt aux études chinoises et la Bibliothèque nationale a accompagné leur développement dès les premiers voyages des jésuites, au XVIIe siècle. Des noms illustres comme ceux de Nicolas Trigault, Joachim Bouvet, Jean-Baptiste Du Halde, Jean-Pierre Abel-Rémusat, Stanislas Julien, Edouard Chavannes ou Paul Pelliot sont devenus des références incontournables et expliquent que la BnF possède l’une des collections sinologiques les plus riches au monde.
Le terme « sinologie » (汉学), qui recouvre les études relatives à la Chine, est entendu au sens large et ne se limite pas aux quatre domaines classiques : religion et spiritualité (textes canoniques) (jing-经), histoire (Shi-史), philosophie (Zi-子), littérature (Ji-集). On y inclut la science et la médecine, les récits de voyage, les textes destinés à la diffusion du christianisme en Chine ainsi que des ouvrages de linguistique, notamment les premières publications importantes sur la langue chinoise.
Sinica est un corpus original en ce qu’il donne à découvrir un pays et sa civilisation à travers le regard d’un autre. Cet intérêt est très ancien et dure toujours. Ainsi, l’Histoire de l'expédition chrétienne au royaume de la Chine, du père Trigault, qui relate le voyage de Matteo Ricci, date de 1617 ; une des premières grammaires chinoises, Elementa linguae tartaricae, de 1682. Ce sont pour la majorité des ouvrages de la Bibliothèque nationale de France, écrits en latin ou en français, ou traduits en français, ou bilingues français-chinois. Ils sont libres de droits, c'est-à-dire tombés dans le domaine public 70 ans après la mort de l'auteur. Ce corpus contient aussi des documents iconographiques -images, cartes, photographies- appartenant à différents départements de la BNF.
Première mission en Chine
En 1685, Louis XIV envoie une ambassade au Siam menée par le chevalier de Chaumont et l'abbé de Choisy, qu'accompagnent six pères jésuites avec le titre de "mathématiciens du Roi" Jean de Fontaney, Joachim Bouvet, Jean-François Gerbillon, Louis Le Comte, Claude de Visdelou et Guy Tachard-. Ils ont pour mission de gagner la Chine et de se mettre au service de l’empereur.
Comme la Chine était un pays fermé dans lequel il était difficile de se rendre, les jésuites ont annoncé qu'ils partaient pour le Siam, ont débarqué sur cette terre et ont continué leur voyage séparément et à leurs risques et périls. Seul le père Tachard est resté au Siam, alors que les cinq autres ont pu gagner leur destination en 1687. L’empereur Kangxi (1654-1722) savait apprécier les compétences et s’entourer de jésuites instruits -mathématiciens, astronomes ou médecins-, qu’il protégeait en échange de services rendus. Le père Bouvet lui a enseigné l’astronomie et les mathématiques. Il a même écrit un livre sur la géométrie en mandchou, ainsi que des ouvrages présentant la Chine comme L'Estat présent de la Chine en figures. En 1693, l’empereur le charge d’aller chercher en France de nouveaux savants pour sa cour. Le père revient en 1698 avec huit nouveaux « mathématiciens du Roi », dont les pères Parrenin et Prémare. Ce dernier s’est distingué par sa connaissance de la culture chinoise, son intérêt pour la littérature de ce pays et ses travaux linguistiques.
Origine du fonds chinois
Les seize volumes ayant appartenu à Mazarin sont à l’origine du fonds chinois de la Bibliothèque royale. En 1680, le père Couplet, un jésuite d’origine belge missionnaire en Chine, l’augmente d’un fonds de classiques chinois et de livres de médecine. Louis XIV, qui voulait voir croître sa bibliothèque, a toujours encouragé la venue de livres étrangers.
Les jésuites ont répondu à la demande et le fonds chinois de la bibliothèque royale s’est étoffé en grande partie grâce à eux. Les premières directives d’achats datent du voyage au Siam des six « mathématiciens du Roi ». Joachim Bouvet rapporte, en 1697, 312 fascicules chinois offerts par l’empereur Kangxi au roi Louis XIV, puis c’est le père de Fontaney qui l’enrichit en 1700 de 72 cahiers de livres chinois et tartares. Le fonds a continué de s’étendre mais c’est avec l’abbé Bignon (1662-1743), devenu le bibliothécaire du roi en 1719, que la politique d’acquisition et le traitement des livres s’affirment.