La vieille dame de Déwé Gorodé Madrépores, 2016
Femme politique et femme de Lettres, Déwé Gorodé est aujourd’hui l’une des grandes figures de la littérature kanak contemporaine. Une œuvre importante, traduite en anglais, de la poésie au roman en passant par la nouvelle et le théâtre, est emblématique de son parcours.
La vieille dame est le quatrième recueil de nouvelles de cet auteur. Elle avait publié Le Vol de la parole, avec Weniko Ihage aux éditions Édipop, Nouméa, 2002.
Ses autres recueils de nouvelles chez le même éditeur (sa bibliographie chez Madrépores)
L’AGENDA
Recueil de nouvelles octobre 2015
Photographie de couverture : une libellule rouge (Diplacodes haematodes), photographiée par Nicolas Petit, 2008. Commande en ligne possible sur : www.pacific-bookin.com
À l’occasion du Silo 2015, les éditions Madrépores rééditent les deux premiers recueils de nouvelles de Déwé Gorodé qui avaient fait l’objet d’une première édition par l’association culturelle Édipop et les éditions Grain de Sable.
L’Agenda est le deuxième recueil de nouvelles de Déwé Gorodé, paru en 1996 : il est aujourd’hui réédité avec deux textes inédits : « La Robe de mariée » et « La Libellule rouge », qui surgissent comme de nouveaux échos aux textes préexistants.
Ancrées dans un questionnement sur l’origine, la descendance, le lien à la terre face aux aspirations contemporaines, ces nouvelles témoignent d’un certain rapport au monde, transmis de génération en génération…
Douze nouvelles à découvrir
Extrait de la nouvelle « La case », (source Editions Madrépore)
« La case de grand-père est sans doute l’une des images les plus limpides qui me restent de mon enfance. En ma mémoire, cette image est toujours aussi lumineuse qu’une matinée ensoleillée de Kanaky, près de la mer. Elle a laissé en moi une impression de clarté et d’immensité. Elle paraissait si grande, alors, à la fillette que j’étais. Si bien qu’aujourd’hui, je me souviens d’elle quand j’essaie de compter les étoiles au clair de lune ou de situer la ligne d’horizon séparant, là-bas, le ciel azuré du bleu Pacifique. Et la grande case me renvoie l’image d’une minuscule fourmi face au monde, à l’univers.
Elle était là, ronde, immense matrone perchée sur une petite butte entourée de grosses pierres bâties, au bout de l’allée bordée de hauts cocotiers. Une ancienne allée de pins colonnaires, plus large, s’étalait là, derrière celle des cocotiers, autre trace vivante des ancêtres qui vécurent ici autrefois. »
Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier
Recueil de nouvelles octobre 2015 - Photographie de couverture : Éric Dell’Erba
À l’occasion du Silo 2015, les éditions Madrépores rééditent les deux premiers recueils de nouvelles de Déwé Gorodé qui avaient fait l’objet d’une première édition par l’association culturelle Édipop et les éditions Grain de Sable.
Le tout premier, Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier, parait en 1994 et reçoit un accueil très enthousiaste, dès sa sortie.
Ce recueil évoque, à travers plusieurs générations, la condition de la femme kanak, fille, épouse, mère, amoureuse, tiraillée entre le respect de sa culture millénaire et l’appel d’une société en mouvement.
Les nouvelles De West Papua, pour guérir ta blessure… et UM 2014 publiées dans le recueil Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier sont inédites.
Sept nouvelles à découvrir
Extrait de la nouvelle « Utê Mûrûnû, petite fleur de cocotier » dans le recueil éponyme :
« Ces voix de la Terre, enseignait donc ma grand-mère Utê Mûrûnû, n’étaient autres que celles de la mère, celles de la femme.
Et elles s’adressaient, en premier lieu, à nous les femmes qui, mieux que personne, pouvions les comprendre. Porteuses de semences, nous étions lardées d’interdits, marquées de tabous comme autant de pierres pour obstruer la vie. Ornières de plaisir, nous devenions des Éva mordues par le serpent inventé par les prêtres de la nouvelle religion. Âdi, perles noires du mariage coutumier, nous étions échangées comme autant de poteries scellant une alliance entre deux guerres. Voies et pistes interclaniques, nous survivions tant bien que mal à nos enfances et à nos pubertés trop souvent violées par des vieillards en état de lubricité. Prestige, virilité, guerre, des concepts mâles pour la grande case des hommes bâtie sur le dos large des femmes ! Partage, solidarité, humilité, paroles féminines conçues, nourries, portées
dans nos entrailles de femmes battues ! « Auu ! Tu le sais déjà, petite sœur, ce monde érigé sur notre ventre, nos bras, notre tête, cet univers parasitant notre corps, n’est qu’un leurre qui nous force à la soumission. Mais il est tout aussi vrai, petite mère, que tous les hommes ne sont que nos fils ! Et si nous n’avons pas demandé à venir au monde, si nous n’avons pas choisi de naître femmes, nous n’avons qu’une vie, ici et maintenant, alors tentons au moins de la vivre au lieu de la subir ! »