Plein Phare de Firmin MUSSARD causerie et représentation à la librairie Calédo Livres
Léonce Raynaud et Stanislas Bertin en pleine conversation Copyright © 2018 ecrivainducaillou.over-blog.com Tous droits réservés
Plein Phare de Firmin MUSSARD causerie et représentation à la librairie Calédo Livres
Plein phare, une pièce de théâtre tout public de la Compagnie de l'Archipel sur l'histoire du phare, avec un texte Firmin Mussard, mise en scène Dominique Jean était une commande du Musée Maritime. Valérie Vattier, la directrice du musée maritime, étant l’auteur d’un livre primé à Ouessant sur cet édifice calédonien emblème du pays avec le cagou, a piloté cette opération. La pièce a été un succès, quoique le nombre de représentations aient été diminué suite aux événements de novembre 2015 à Paris. Pour ne pas perdre ce beau texte, l’auteur Firmin Mussard l’a publié avec l’aide de l’association Ecrie en Océanie dirigée par Nicole Isch. Une sympathique présentation a eu lieu hier mercredi 25 juillet à la librairie Calédo Livres. Firmin avait renfilé ses habits de Stanislas Bertin et Nicolas Kurtovitch ceux de Léonce Raynauld qui a dû se retourner dans sa tombe avec son nouveau look. Ils ont joué la comédie comme de vrais comédiens pour le plaisir du public de la causerie. Le livre est en vente à la librairie Calédo Livres et comme les ouvrages de l’association EEO sont les moins chers de la place. Alors n’hésitez pas à entrer dans cette librairie calédonienne.
Présentation de Plein Phare, Firmin MUSSARD par Nicole Isch
Firmin Mussard nous invite à une remontée dans le temps et une exploration de l’histoire, comme il l’a fait jadis avec une autre pièce, Nocturne, également éditée chez Ecrire en Océanie.
Il y a deux temps dans la pièce.
Le temps passé de l’histoire et le temps présent de la pièce.
Le 15 novembre 1865, sous le gouverneur Guillain a eu lieu l’inauguration en grande pompe du phare Amédée ; c’est cet événement que le conférencier, protagoniste d’ouverture, va évoquer de manière progressive, au fil des scènes, où seront convoqués les acteurs de l’Histoire.
C’est un texte polémique, parfois sarcastique, un texte humoristique avec la joute verbale des ingénieurs cuistres et pédants, ou avec les portraits des candidats hauts en couleurs, ou bien encore les extravagances de langage à grand renfort de passés simples, de subjonctifs imparfaits ou d’expressions surannées ; c’est un texte historique sur la genèse du phare et ses aléas, une fresque sociale drôle avec le recrutement truculent d’un maître-phare et de cinq gardiens. Enfin c’est un texte engagé, qui dénonce la politique d’exploitation à visée touristique, au mépris de l’écologie.
Des techniques théâtrales habiles permettent de faire avancer l’action :
- La querelle entre les ingénieurs Eiffel et Léonce Raynaud montrent les prises de position, les choix architecturaux et esthétiques, une tentative de rétablir la vérité historique
- L’intervention de l’ingénieur Bertin retrace la genèse du phare, le climat, l’atmosphère coloniale et ses clichés, son mépris envers les Indigènes
- Les portraits des candidats, recruteurs et initiateurs du projet campent des types humains drôles et attachants au langage évocateur, dans des situations de vaudeville
- Les sorties de scène contiennent des éléments annonçant l’arrivée du prochain personnage
Cette fantaisie théâtrale, comme l’appelle Firmin Mussard, renferme à la fois un plaidoyer en faveur du respect du phare et du patrimoine environnemental, un réquisitoire contre la bêtise coloniale, contre les dérives du tourisme, un pamphlet anticlérical, un clin d’œil à des types humains contrastés par la saveur des portraits retracés, une fresque sociale et historique condensée en un acte et 12 scènes. Cette pièce, qui est un bel hommage à un monument du terroir s’inscrit bien dans les nouveaux domaines préconisés par l’Education nationale et peut s’étudier dès la classe de 4ème. En effet informer, dénoncer les travers de la société, observer comment l’individu et le pouvoir agissent dans la cité, comment les rêves et les progrès scientifiques influencent l’espace, sont des pistes explorées dans la pièce, porteuse de sens pour la réflexion à l’école. Ce n’est pas un hasard si maint élève de 3ème choisit le phare Amédée comme sujet de l’épreuve orale d’histoire des arts au Brevet des collèges. Voilà une pièce qui les éclairera !
Souhaitons un heureux chemin d’école à Plein phare !
Nicole CHARDON-ISCH
21 juillet 2018