Les instituteurs kanak, les Moni, les moniteurs à l’honneur, un devoir de mémoire nécessaire.
Hier soir jeudi 25 octobre la librairie calédo Livres était une nouvelle fois trop petite pour accueillir le public pour la causerie animée par le maire de Maré, fils de moniteur lui-même et Sophie Mendès auteure d’un fameux reportage qui a réveillé les consciences avant que ces héros de l’enseignement disparaissent. Elle a été suivie pour ce projet et encouragée par Pierre Ngaiohni, le premier magistrat de l’île qui a été le principal animateur de cette soirée formidable.

Des fils d’anciens moniteurs et des anciens moniteurs présents, ont enthousiasmé le public, en racontant avec beaucoup d’humour souvent leur galère pour apprendre et exercer ce métier de passeur de savoir. La soirée, tradition mélanésienne oblige, avait démarré par une coutume avant de laisser la parole aux intervenants. Prévue pour durée une heure, c’est deux heures de discussions qui se sont déroulées dans une ambiance fraternelle malgré des témoignages durs parfois de ces pionniers de l’éducation. Ils n’ont pas manqué de rappeler que certains ont été formés à la hâte après la guerre. La France n’était pas en mesure de fournir les enseignants ni même de les envoyer en France pour apprendre pourtant avec l’école obligatoire et la fin de l’indigénat cela devenait une obligation. Avec leur certificat d’études primaires en poche, ils s’engageaient sur une formation plus ou moins longue selon les époques, à l’école de Montravel avant qu’elle ne ferme au profit de Nouville pour être formé au métier de « moniteur ». On a réussi à former des gens qui avaient intégrés le CP à 11 ans parfois pour parler de nos ancêtres les Gaulois, l’anecdote qui tue, rappelée par un intervenant. Cette poignée de volontaires a relevé le défi. Ils ont essaimé la culture et servi de passerelle entre le monde kanak et les chercheurs ou linguistes contemporain comme l'a rappelé une personne du public, grâce à leur maîtrise du français et des langues vernaculaires. Ils méritaient cet hommage fait en 2016 sur l’île de Maré et à travers ce livre aujourd’hui pour avoir été des transmetteurs du savoir émérites. Belle causerie, qui devrait avoir une suite, une historienne, , très attentive aux témoignages des « vieux », l’a suggérée. Bravo ! JP