Conférence d’Hamid Mokaddem à l’Institut français de recherche sur le Japon à la Maison franco-japonaise
Îles d'Océanie : les littératures francophones
Sous les cendres des conques, l'écriture de Déwé Gorodé
Discutant : HOSHINO Moriyuki (univ. de Tokyo)
Mardi 9 avril 2019, de 18 h 30 à 20 h 30 - Avec traduction simultanée - Auditorium de la Maison franco-japonaise 3-9-25, Ebisu, Shibuya-ku, Tokyo, 150-0013

L’Océanie est un continent invisible pour reprendre le mot de JMG Le Clezio. Pour être encore plus précis, les îles et archipels « invisibles » sont pourtant visibles par leurs histoires. L’écrivain tongien Epeli Hau’ofa et son ami anthropologue américain Marshal Sahlins parlaient tour à tour des îles d’Océanie et d’îles d’histoires. Les archipels océaniens francophones, ces îles où les locuteurs du Pacifique y parlent le français (Wallis et Futuna, la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, le Vanuatu) à côté des langues du Pacifique, entretiennent des rapports littéraires singuliers avec les langues véhiculaires et dominantes, le français et l’anglais. En prenant l’exemple des littératures kanak de Nouvelle-Calédonie, la conférence propose d’analyser ces rapports avec la langue française en reprenant la « reformulation permanente », à Jean-Marie Tjibaou qui répondait aux objections faites à sa revendication politique culturelle que la « coutume kanak » serait un retour rétrograde vers la tradition contre la « modernité ». Jean-Marie Tjibaou, qu’Aimé Césaire considérait être comme une figure politique exceptionnelle, avait su valoriser ce petit peuple en misant sur la survie culturelle. M. Mokaddem Hamid montrera comment les genres, pratiques et styles oraux sont reformulés par les écritures actuelles. Dans la continuité et en complément, M. Hoshino Moriyuki présentera ses travaux de traduction et d’analyse de l’œuvre d’une des écrivaines les plus performantes d’Océanie, celle de l’écrivaine kanak Dewe Gorode.
Extrait d’une interview de Déwé Gorodé sur le sujet :
BLANDINE STEFANSON : Parlez-nous du symbolisme du titre de « Sous les cendres des conques » !
DÉWÉ GORODÉ : La conque, c'est ce grand coquillage qu'on utilise pour appeler le clan, les Kanaks, à la réunion dans la case commune. « Sous les cendres … », c'est ce qui restait des conques, de l'unité kanak, du fait d'être ensemble. Qu'est-ce qui en est resté après les délimitations des territoires et l'institution des réserves ? On est devenu une société fortement éclatée, divisée. Cet éparpillement des clans kanak, cette perte a provoqué l'éclatement de nos valeurs, de notre unité qu'on a retrouvée par la suite dans la lutte pour la libération nationale. J'ai publié le recueil à un moment où cette unité commençait à se retrouver dans la lutte politique. A travers le FLNKS, c'est la première fois que le mouvement d'unité a pris une dimension nationale. C'est à partir des Évènements, en 84, qu'on peut parler d'un nationalisme kanak. Mon fils avait deux ans et il a fait ses premiers pas pendant cette période.
Extrait d'un Entretien avec Déwé Gorodé, Notre Librairie, n° 134, Littérature de Nouvelle-Calédonie, mai-août 1998, p. 78

EXTRAIT
Terre kanake
Terre brisée
Terre brimée
Terre aimée
Cité par Alban Bensa, in « Nouvelle-Calédonie: un paradis dans la tourmente », Paris : Gallimard (Découvertes, 85), 199
Un spectacle "Sous les cendres des conques" a eu lieu dans l'auditorium du complexe culturel de Koohnê en septembre 2013.

C'est dans le cadre de la fête de la Citoyenneté 2013 que cette création musicale et chorégraphique autour de l'oeuvre de Déwé GORODE avait été proposée par le Conservatoire de Musique et de Danse de la Nouvelle-Calédonie.