Basuco de Guillaume Berger une nouveauté Humanis

Publié le par ecrivainducaillou.over-blog.com

Photographie de couverture : Quasarphoto.

Photographie de couverture : Quasarphoto.

Parution Mai 2019 aux Éditions Humanis bientôt disponible à Nouméa par internet sur le site Humanis

Ce texte a bénéficié de la résidence d’écriture Hagen 2017, soutenue par la Maison du livre de la Nouvelle-Calédonie et par la Province Sud.

Ce livre est disponible à Nouméa sur le Pacific Book'in et à la librairie Calédo Livres :

  • Prix de vente public : 1990 XPF TTC

J’ai cru que ma première nuit dans cette pension colombienne serait la dernière de ma vie. Aujourd’hui encore, il m’arrive de me réveiller au milieu de la nuit, hurlant de terreur comme j’ai hurlé cette nuit-là et croyant revoir chaque balafre, chaque tatouage du forcené qui enfonçait la porte de ma chambre. Je ne saurais dire combien de temps je suis resté à genoux, les mains sur la tête, à bredouiller qu’on m’avait déjà volé mon passeport, ma carte bancaire et mes trois cents dollars de secours…

 

Les premières lignes :

Basuco

 

Il est encore trop tôt, ai-je dit à Pierre. Dans cette île, boire de la bière en public avant dix heures du matin relève de l’indécence morale, une injure pure et simple à l’ordre colonial, comme dirait Pierre. Il ne lui a d’ailleurs pas échappé que les ivrognes se terrent au fond de la brasserie alors que la terrasse est déserte et qu’il fait un temps exceptionnel, avec tout juste ce qu’il faut de soleil, de nuages et d’alizé, un temps de carte postale, ai-je dit à Pierre. Il n’y a pas de meilleur emplacement pour apprécier les vertus de cette île, et c’est pourquoi je viens ici chaque matin, à cette même table où nous nous trouvons à présent, la plus proche des quais de la marina et les pieds dans l’eau, pour ainsi dire, mais toujours avant dix heures. Ensuite, la chaleur devient intolérable et, libérée de toute retenue, la population de l’île a vite fait de transformer ce petit paradis en un enfer d’obscénités et de confrontations inter-ethniques.

Mais Pierre n’a rien à craindre : voilà la serveuse qui revient déjà avec nos pintes. Il a dû lui taper dans l’œil, comme on dit, parce qu’habituellement je dois la rappeler une bonne demi-douzaine de fois avant qu’elle m’apporte ma bière, à cause de l’heure scandaleusement matinale, évidemment, même si, en bon expatrié, Pierre préférera sans doute parler de défiance anti-coloniale et de son droit inaliénable à disposer d’elle-même. D’ailleurs, il a parfaitement raison : nous n’avons rien à faire ici. Où que nous allions, quoi que nous fassions, nous sommes et resterons des envahisseurs, perpétuellement coupables, perpétuellement conquistadores. Pierre ne s’en souvient pas ? Ce sont pourtant avec ces mots que, dix ans plus tôt, il m’avait accueilli à l’aéroport de Quito, en Équateur, avant de me souhaiter la bienvenue dans la Revolución avec ce même rictus et ce même regard hautain qu’il affiche à présent derrière ses petites lunettes de pseudo-intellectuel… (Plus sur le site Humanis)

Guillaume Berger au château Hagen en discussion avec l'illustratrice Alejandra RINCK RAMIREZ. Photo Joël PAUL

 

Qui est Guillaume Berger ? Auteur itinérant, c’est peut-être la meilleure définition de Guillaume Berger

 

Bibliographie

Ouvrages publiés chez Humanis :

L’Exil est mon royaume

Les enfants de salaud tiendront leur bière en enfer

 

Né en 1984 en Nouvelle-Calédonie, Guillaume Berger quitte le territoire à 18 ans pour entreprendre des études supérieures en France, mais il abandonne rapidement les bancs de l’Université pour devenir écrivain. Il vivote alors dans des hôtels miséreux parisiens et jongle entre petits boulots et nuits d’écriture. Les éditeurs lui renvoient toutes ses nouvelles. À 23 ans, il remporte le concours d’écriture de la Province Sud de Nouvelle-Calédonie et s’envole pour l’Amérique du Sud. Il vit six ans en Argentine, dans une maison d’adobe sans électricité ni eau courante. C’est là qu’il écrit ses deux premiers romans, L’Exil est mon royaume et Les enfants de salaud tiendront leur bière en enfer. Il revient vivre en Nouvelle-Calédonie en 2012, où il continue à se consacrer à sa passion d’écrire. (source Humanis)

Publié dans Roman

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article