Nathalie Heirani Salmon-Hudry après le succès de son livre Je suis née morte, vient de faire paraître Sur les chemins de la vie

Publié le par ecrivainducaillou.over-blog.com

Nathalie Heirani Salmon-Hudry après le succès de son livre Je suis née morte, vient de faire paraître Sur les chemins de la vie

Sur les chemins de la vie est un recueil de chroniques qu’elle publie régulièrement dans le bulletin de la cathédrale de Papeete. Elle y aborde tous les sujets et comme elle le dit elle-même, « Difficile de rester sage comme une image lorsqu’on a quatre roues pour avancer ! Difficile de s’arrêter sur « Je suis née morte » lorsqu’il y a tant à découvrir. Nathalie est venue plusieurs fois en Nouvelle-Calédonie, ses nombreux amis attentent l’arrivage des livres avec impatience.

Lien vers un article au SILO de 2015 où Nathalie a obtenu le prix Vi Nimo à Poindimié pour son livre Je suis née morte

Préface de l’auteure

« Il n'y a pas d'exercice intellectuel qui ne soit finalement inutile. » disait Jorge Luis Borges.

 

Ah, les chroniques de la roue qui tourne de la chaise masquée, un super challenge pour un fauteuil roulant qui voulait garder l’anonymat.

Sur une bonne idée du Père Christophe, j’ai commencé un voyage sans le savoir. Ce qui devait être une histoire sans lendemain - je voulais écrire sur la dignité suite à une rencontre avec quelques amis SDF - est devenue une chronique hebdomadaire publiée dans le "PK0" de la Cathédrale.

 

Après la sortie de Je suis née morte, j’ai eu du mal à donner une suite à mon écriture. Difficile de trouver d’autres mots après un cri du cœur. Tout semblait fade, superficiel… bref, un vrai baby blues ! Beaucoup me demandaient "la suite" – demande légitime – mais je ne voulais pas m’enfermer dans le handicap alors que l’écriture m’en affranchissait. Le handicap n’est qu’un élément de ma vie, je ne voulais pas qu’il devienne ma vie.

 

Alors j’ai décidé de pousser le cri du cœur de ceux que l’on n’écoute pas (encore) ou le cri du cœur de la vie tout simplement. Surtout que, j’ai toujours considéré l’écriture comme un outil de précision pour sculpter la vie. J’ai toujours considéré l’écriture comme le meilleur vecteur de partage et de promotion de tout ce qui est grand, beau et fort. Et enfin, j’ai toujours considéré l’écriture comme un diplomate par excellence pour se révolter et dénoncer une injustice afin de grandir. Bref, je ne conçois mon écriture que pour un projet positif et constructif. Et la chronique, de par son genre, me donnait toute liberté. Liberté dans le choix des sujets. Liberté dans la longueur du texte. Généralement, je m’employais à faire des textes courts, rien que pour essayer de faire mentir ceux qui affirmaient haut et fort ne pas aimer lire ! Et du coin de l’œil – ou avec les deux yeux plutôt – je regardais si j’avais gagné mon pari. C’était un défi que j’aimais relever !

 

Chaque semaine, il me fallait trouver un sujet, il me fallait trouver quelque chose à dire… et d’assez pertinent pour être "publiable". Pas difficile pour une bavarde comme moi, me direz-vous, mais les semaines passant, les sujets possibles s’amenuisaient. Et, là, la difficulté était salutaire car elle m’obligeait à revoir tout ce que je prenais pour acquis sans savoir le pourquoi, ni le comment. Je devais scruter chaque évènement, chaque rencontre pour trouver ma matière première. Je devais décortiquer chaque sujet que la vie me présentait pour me l’approprier et y placer mes mots. Prendre un temps pour savoir où je me situais et où je voulais aller. Prendre un temps pour admirer la vie, de la perspective que me donnait mon fauteuil roulant. Une obligation devenue jeu, un jeu devenu une leçon, une leçon devenue un livre.

 

Si elles ont bien été publiées dans le PK0, les chroniques ne sont donc connues que des paroissiens et des abonnés à la newsletter de la Cathédrale. Des semaines d’écriture où j’ai affirmé, où je me suis affirmée, où j’y suis allée un peu fort, où j’ai douté, où j’ai dénoncé, où j’ai applaudi, où j’ai ragé, où j’ai hésité, où j’ai pris position, où j’ai espéré, bref où j’ai vécu. Aussi, n’est-il pas bon de donner à ces chroniques un public plus large ? 

Surtout qu’en tant que chroniques, ces textes étaient disparates, ne suivant aucune ligne sinon celle de mon inspiration. Ici, en sélectionnant les meilleures, elles deviennent un véritable parcours de vie… qui m’était alors caché. 

J’ai pris également la liberté de remettre certaines au goût du jour car rien n’est écrit dans la pierre, les mots changent, notre conception des choses change à mesure que notre perception de la vie s’affine. Et, en quatre ans, la vie m’a énormément appris. J’ai eu de nombreuses leçons de vie… donc il m’était difficile de ne pas reprendre un texte alors que le sujet est mieux cerné aujourd’hui. 

Et pour donner à ce livre toute sa raison d’être, j’y ai glissé quelques chroniques inédites. Des thèmes que je n’avais pas pensé aborder et qui devaient l’être pour compléter mon parcours de vie.

 

C’est ce qui est magnifique avec l’écriture. Non seulement elle nous pousse à grandir mais elle est la marque évidente de notre évolution.

Mettre des mots sur les différents sujets de la vie est un exercice plus qu’intéressant car cela nous pousse à donner notre propre définition de la vie et de tout ce qui suit. Aussi complet et précis soit-il, ce n’est pas un dictionnaire qui nous fera reconnaître le bonheur ! Combien de fois nous restons là à attendre le bonheur, la chance, la sérénité mais qu’attendons-nous vraiment ? Et si nous sommes incapables de les définir clairement, comment pouvons-nous les voir ? … peut-être qu’ils sont là, sous nos yeux trop occupés à chercher autre chose.

En revanche, ces chroniques ne doivent pas être perçues comme des vérités, elles n’ont pas cette prétention-là. Elles ne traduisent que ma perception des choses, de la perspective de mon fauteuil roulant. Ces mots n’engagent que moi. 

Ces chroniques – idéalement – sont juste une invitation à faire votre propre voyage sur les chemins de la vie, une invitation à mettre vos propres mots sur les sujets qui vous touchent…

 

Certes, c’est "tout un livre", me direz-vous. Mais il saura s’adapter à votre rythme… une page… une chronique… une partie. S’il est vrai que j’ai tenu à donner une suite logique, vous pouvez suivre votre propre chemin. Ici, il n’y a pas de convention, vous pouvez choisir un sujet selon votre humeur, selon votre ressenti… ou selon la longueur du texte… ou même laisser le hasard choisir !  

Et, entre nous, Sur les chemins de la vie n’est-elle pas la meilleure suite que je pouvais donner à Je suis née morte ? Un petit clin d’œil… au cas où certains se demanderaient encore si je suis morte ou vivante !

 

Si l’aventure des chroniques est terminée – car il faut bien avancer dans la vie en trouvant d’autres défis – la chaise masquée n’a pas dit son dernier mot… sous un autre pseudo puisque je suis aujourd’hui démasquée ! Je compte bien laisser la vie, aussi longtemps qu’elle le voudra, me conduire sur ses chemins… au fil de mes mots… et de mes rêves… et toujours bien accompagnée !  

Si ce n’est pas le bonheur, ça y ressemble beaucoup… et c’est tout ce que je vous souhaite.

 

Nathalie Heirani Salmon-Hudry est née en 1983, à Papeete. A la suite d'une erreur médicale à sa naissance, elle est infirme moteur cérébral. Malgré ce handicap important, elle cherche toujours à vivre aussi normalement que possible, faisant face aux préjugés et aux difficultés. Son parcours dans la vie est celui d'une personne pour qui rien n'est facile. Chaque jour est un défi et elle le relève grâce à l'amour infini de sa mère. Une "évasan" en France la confortera dans l'idée qu'un "handicapé" est une personne "normale" : il suffit de bien regarder. Elle se bat, elle apprend, et elle se construit dans un monde où son handicap lui impose un effort particulier pour les choses qui, aux valides, paraissent les plus simples. Un parcours atypique pour une vie normale.

PS : Elle a été lauréate du prix Vi Nimö 2015 en Nouvelle Calédonie pour son ouvrage "Je suis née morte". Elle continue de se battre et à écrire, ce nouveau livre en témoigne. Il sera bientôt disponible à Nouméa. JP

Nathalie avec l'éditeur Christian Robert

Nathalie avec l'éditeur Christian Robert

Publié dans Nouvelles

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