Le numéro 76 de Nuelasin est disponible et en téléchargement dans cet article.
è Téléchargez le dernier numéro de Nuelasin
Le plus de la rédaction :
Bozusë ;
Il pleut toujours dans la vallée. Le pont de la Tiéta est tantôt inondé tantôt praticable. Et notre rentrée scolaire en est tributaire. C’est toujours misère à chaque reprise de cours après les grandes vacances. Un peu comme la chansonnette de notre enfance. Levez-vous les soldats (ci-après.) Par la magie de l’Existence (j’espère), le vieux Dick de Xodre et Chef Apou de Tiéta (de là où ils sont) vont refaire leur apparition dans les songes de nos autorités pour leur dire de lever un peu plus le niveau de l’accès à la civilisation. C’était au vieux Dick (sénateur et élu politique du pays) que Chef Apou en a passé commande. C’était en 1976. Actuellement, qu’il pleuve un peu plus au fond dans les vallées de Koniambo et Atéou que les cours sont suspendus au collège de Tiéta ! Et cela depuis toujours… et dire que le massif de Koniambo qui s’étale de Koné à Tiéta (+30kms) surplombe notre établissement. Parlons plus de liberté, de fraternité mais pas d’égalité.
Isolé.
Aujourd’hui 05H45.
Wws : Bonjour, comment va ?
Bernard : ça va. Mais le pont ! (Il écarta ses doigts et les bougea séparément de haut en bas.) Hésitant. L’eau est montée encore plus. Elle est presque arrivée à la barrière du champ de Maman Orphée.
Wawes : Et tu penses quoi ?
Bernard : Ce sera bon pour ce soir minuit. Pas avant. Mais s’il continue de pleuvoir, c’est reparti pour un jour…
Samedi matin, au café littéraire du snack Boob’s du Quartier Latin, Mme Kama, la traductrice des poèmes de Nicolas K. et de Frédérique A. du recueil Siji dröne pahatr, m’a quelque peu surpris : « Je pense que vous les protestants parlent mieux le drehu que nous les catholiques. » Tentatives d’explications : Billy Wapotro : « C’est la pratique langagière qui se repose sur la lecture de la bible en drehu. Et il a enclenché sur la deuxième traduction de la bible par (?) du français au drehu. Hnacipan Léopold : « La première traduction de la bible en français était faite de l’anglais vers le drehu ancien (le miny.) Cela avait pris 17 ans. Certains traducteurs avaient les pieds ankylosés qu’ils n’arrivaient même plus à les déplier. Dans la pratique, ce support linguiste (qu’est la bible) est enseigné le dimanche à l’école du dimanche. C’est la lecture assurée (silencieuse et à voix haute) et les explications en drehu. » Je me suis arrêté-là. Je n’ai pas rajouté que la liturgie du dimanche est dite en drehu. Etc… on y reviendra dessus.
À la foire du Pacifique. J’ai signalé à un petit frère que j’allais passer le voir samedi après le café littéraire. C’est fait. Il était au stand de l’hôtellerie avec quelques autres de ses collègues. Il y avait du monde qui arrivait. Des kamadra surtout qui voulaient visiter les îles Loyauté. C’était bien mais l’annulation des vols sur Drehu pour cause de fermeture du terrain d’aviation par la décision des chefs posait problème. À la radio, le PDG du transporteur aérien expliquait qu’il y avait samedi 500 passagers laissés sur le carreau. Dimanche, si le mouvement continuait, 500 autres se retrouveraient dans la même situation et il leur serait très difficile de les remettre sur les listes des prochains vols. Heureusement que le mouvement n’a pas continué dimanche. « Vois-tu grand frère, on parle de développement et on ferme. » lâcha l’hôtelier excédé. Pff !
Question : Que pensez des décisions de nos chefs ? Personnellement, je pense que le sujet n’a pas été suffisamment débattu. Et Wanaham comme la girouette, pour un oui, pour un non, on ferme. On, ce sont les trois chefs (le cas échéant), autrefois c’étaient les syndicats … la fois prochaine, ce sera quelqu’un qui n’est pas content de sa femme parce qu’elle s’est barrée avec un autre mec qui s’attachera à la roue de l’avion au milieu de la piste. Les plus heureux de la décision de fermeture de l’aérodrome sont les petits diables de Fetrahe parce qu’ils vont pouvoir enfin se reposer du bruit. Les perdants, c’est toute la population prise en otage et habituée à ne pas sortir de sa poche. Résultat : de plus en plus les autorités ferment les robinets… bon je ferme aussi ma parenthèse.
Pour Pascal P. et Kash X. lundi dans la soirée, j’étais en grande conversation téléphonique avec Tedo H. la classe. Elle m’a filé son contact sur fb (mp.) et on a parlé longuement de nos années/lycée. Grande est un gros mot, nous avons plus ri. Ça fait quand même quelque chose de revenir sur des souvenirs maintenant que nous sommes devenus ce que nous sommes et d’autres qui ne sont plus. Tout y passait. Des bons, des mauvais, mais souvenirs quand même. Sa voix toujours si sonore est haut perchée, proche du pince-sans-rire. Tedo la classe !
Pour cet envoi, je vous livre la chansonnette de mon enfance, transmise à la génération du dessous.
Bonne lecture à vous. Wws
Auto/revers
Levez-vous les soldats (bis)
Si vous n’a pas levé, je vais/veux dire au capitaine.
Je cherchais toujours pourquoi la génération du dessus riait de nous. C’était pendant le mariage du grand frère Billy Wapotro (1972 ou 73) ou bien d’un autre mariage à la tribu. On était tous des i, raides, alignés et l’air grave, le thorax bombé avant de donner le salut militaire dans une férocité mortelle. Les autres, Hnatu I, Hmeunë et Drumë nous regardaient de leurs grands yeux admiratifs, pensait-on, en se gardant de ne pas pouffer de rire devant nous. À la fin, ils nous acclamaient. Ils riaient mais pas celui du rire moqueur. On s’en douterait qu’on chantait une connerie.
Oui, je sais que cette rengaine a déjà été publiée. C’est dans Nuelasin 33.
Oui deux fois maintenant, mais elle commence à me trucider les méninges. Dernièrement, pendant le deuil du vieux Kai-qatr à Tindu, arriva Kuanë. En me voyant, il se mit à rire. Et en se rapprochant encore plus pour me saluer, il bredouilla cet air comme signe de ralliement. Les autres de la famille ne comprenaient pas. Kuanë, pendant le mariage du grand frère Billy était le plus petit de nous. Il nous suivait partout et la seule fille Wenë. On ne voulait pas d’elle, mais c’était la compositrice. Et elle nous mettait en garde de ne pas chanter sa compo sans son accord. Maintenant, j’en ris. À l’époque, c’était féroce comme un salut militaire. On avait encore la tête tout remplie des films en noir et blanc que les militaires projetaient certains soirs sur le vieux mur de Eika, notre presbytère. John Wayne en était le héros. C’était le débarquement de Normandie, enfin je ne sais pas si l’acteur avait joué dans ce film. Maintenant que j’ai appris la chansonnette à Elisa et ma fille, ça n’arrête plus. Cette journée (dimanche), c’est le morceau avec le rewind assuré. J’avais quelque peu mal à la tête surtout que mon petit-fils (4 ans) s’y est mis. Il demandait toujours à sa petite maman et sa grand-mère de rechanter … à n’en plus finir. Au départ, j’avais idée qu’ils se moquaient de ma chanson. Ben non, visiblement, elle était devenue un leitmotiv. Tellement entraînant qu’on en finissait plus. Le pire, je chantais avec la chorale (pièce montée) et je me pliais à leur raconter à l’infini, dans quelle circonstance on chantait cette ritournelle que je qualifiais de bêtisier de mon enfance.
Concluons : levez-vous les soldats pour la rentrée scolaire. Si vous n’a pas levé, la direction de l’établissement va signaler vos absences à la CAFAT (vos parents connaissent bien la suite…) Hahaéèéè !!!