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Le plus de la rédaction :
Bozusë,
Hier j’étais très heureux d’avoir passé la soirée avec mon grand cousin. Chez nous kanak, c’est tout simplement un grand frère. Il m’avait appelé mercredi qu’il arrivait jeudi. Pilepoil. Après la réunion de direction, je demandais à Mme Nathalie de me ramener à la maison. En tournant vers le coin du nouveau bâtiment, le téléphone sonna. « Wws, c’est Dominique. Je suis à la guérite du collège. » : le frère.
En levant mon regard, je vis la Peugeot blanche. Je repris que je le voyais. Il fit alors mouvement vers la rentrée du parking pour m’embarquer. Je lui dis de ressortir vers le pont et d’aller faire un tour vers les habitations de l’autre côté de la tribu en allant vers la chaîne. On longeait alors la masse noire du massif du Koniambo qui se découpait dans la pénombre de la nuit et qui dépliait son voile noir piqué d’étoiles : « Tu vois, si on continuait dans cette direction, nous allons droit sur Atéou et la tribu de Koniambo. Et si on piquait légèrement vers la gauche on atterrit à Hienghène. Au rond-point, on retourna.
A la maison, nous avions mangé des pâtes et parlé de notre arbre généalogique jusque tard dans la nuit.
La rentrée : la machine est mise en route. Lundi avait eu lieu la rentrée des élèves de 6ème. Mardi, c’était tout le collège de la 6ème jusqu’à la 3ème. Nous avons trouvé que la formule était meilleure. Les élèves de 6ème avaient fini leur cycle au primaire et allait entamer un nouveau cycle dans lequel, ils allaient passer 4 années. Le collège, vaut mieux et pour eux et pour le collège que ce soit les profs qui fassent la présentation de leur nouveau lieu de vie. On connait la suite si les anciens de 5ème… faisaient leur présentation… nous avons tous étaient élèves, n’est-ce pas ?
Le pont : Le niveau de l’eau du pont n’est pas tout à fait descendu. La rentrée s’est faite tant bien que mal. Pendant que la cérémonie de rentrée se faisait sous le préau de l’école, certains parents avaient toujours leur attention tournée vers le pont. L’eau à un moment arrivait jusqu’au parapet.
Il est 17H et rien ne s’est produit pour entraver le déroulement de la première semaine de cours. Nous en sommes heureux, on espère que la suite sera toujours pour le meilleur.
Hnamelangatr : J’ai une pensée pour les élèves de Hunöj qui, cette semaine, en plus du problème de transport sur l’île, vivent une autre situation problématique. La cantine. Les parents se sont donc organisés pour subvenir aux besoins de nos petits choux. Un jour, c’étaient les parents de Koië, un autre jour, c’étaient les parents de l’autre bout qui préparaient la popote. Et dire que cette école dans neuf ans aura 100 ans. Ainsi va le monde wië me hatr.
Pour vous, je dédie ce texte exercice de style que j’ai proposé à une association qui m’a demandé une dictée. Bonne lecture et bon weekend à vous de la vallée. Wws
La coutume ‘bombarde’
Lorsque Sarah eut jeté son bouquet dans la tombe de Tchabaé, il dracha et une bourrasque éclata telle une poudrerie. Elle souleva les fleurs du kapokier géant en ce lieu de dernier rendez-vous et les lui flanqua en pleine figure. Elle vacilla un moment au bord du trou et manqua de tomber : « Tchabaé, il ne veut pas me laisser seule sur ce quai. » pensa-t-elle. Et tout lui revint en ordre et en force comme si toute sa vie se résumait en un jour.
Ce jour-là d’un mois de mai, la pluie fine lissait son doux visage. Sarah était radieuse, belle à s’ouvrir à la vie. D’une main, elle enroula le pain-marmite dans sa popinée et de l’autre, elle suspendit la cafetière. Sa petite sœur Léa la suivait avec le couvert. Elles apportaient le ristrette à leur oncle à la mine chafouine. Allez savoir ! Il parlementait avec un inconnu dans la case. Au moment où Sarah allait se baisser pour se déchausser et rentrer, le fada changea de ton et sa voix monta en volume. « Tiens, voilà une des filles de la maison. Bonne à marier. Elle vient d’arriver de Havilapour les deux semaines de vacances. Elle peut arrêter l’école. A quoi bon ? Elle quittera la maison de toute façon. » Le monsieur resta bouche bée. Il leva seulement les yeux pour dévisager Sarah. La lueur de la lumerote qui avait remplacé la lampe à pétrole au-bas du poteau central donna une pâleur plus mate à sa peau. Lorsque les deux filles furent entièrement dans la case, le vieux Nyimo leur dit de tout poser dans le foyer sans feu et d’aller s’asseoir à coté du monsieur. Sarah obéit. Elle salua l’inconnu en l’embrassant et alla se mettre de son coté sur la natte. « Toi, tu vas rejoindre les autres à la cuisine. » Léa posa le pain-marmite sur l’assiette, les deux tasses à coté de Sarah et disparut sous la pluie.
Monsieur, encore bien vigousse pour son âge avait fait le trajet de Calédonie. Il n’avait prévenu personne dans son commerce de dépanneur. Ce champagné avait fini par avoir de l’influence parce que son business servait plus à aider les petits gens de chez lui à Poutchala qu’à faire un bénéfice. Un tap-tap l’avait conduit jusqu’à Kejëny. Tchabaé avait déjà passé le demi-siècle, un baroudeur des grands océans de la vie mais qui était resté célibataire ; endurci au départ mais l’appel générationnel du devoir et surtout la présence de l’enfant qui allait devenir son épouse lui fendit le cœur. Il arrivait à Drehu pour demander une femme aux oncles maternels de son père.
« C’est elle ta femme ! Vous pouvez reprendre le Cap des pins mardi. » Le vieux Nyimo avait parlé sans même rajouter d’autres paroles. Sarah demeura prostrée. Sa tête tournoya. Elle pleura seulement parce qu’elle avait compris qu’elle quitterait sa terre natale, celle qui a bu le placenta de sa naissance… pour toujours. HNACIPAN Léopold (à la mémoire de ma mère et à toutes les femmes de mon pays)