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Le plus de la rédaction :
Bozusë ;
Pour Madue: je livre le petit journal de chez mon petit frère à Nouville avant de m’en aller à la Vie. Je voulais parler du mariage de mon fils. Hier, c’était les coutumes à la RS, chez les Waheo. Aujourd’hui, c’est au foyer wallisien que le manger ensemble va se faire avec la famille de son épouse de Nengone. Ça va déménager. Pensé-je. Non. Les nièces (les filles de mon beau-frère) m’ont nommé animateur dans une de leurs réunions de préparation du mariage, il y a quelques mois. Cela fait revenir dans ma mémoire les années où j’ai animé les kermesses de l’Amicale de Hunöj et de l’Amicale de Fëmeigötr à Kolopi à Huneihnamus.
Je pense à mon neveu Samë, si quelqu’un peut le mettre en contact avec moi dans la journée pour qu’il vienne animer le repas en déroulant son répertoire des chansons des Mike de Jua e Hnawe. Petit souci, c’est que je risque de divorcer de la vieille si le neveu jouait Rozanë toujours des Mike de Jua e Hnawe. Kölö e Nengone ! Ehaéèéè !
Il pleut: Il pleut, il pleut et cela fâche plus d’un. Surtout les profs de sport qui ne peuvent pas aller sur le terrain pour assurer leur discipline. Mais y a pas qu’eux qui sont fâchés du mauvais temps. Y a moi aussi. Je ne compte même plus les jours où je ne me suis pas rendu dans mon champ. Pff ! Alors, j’allais en voiture pour m’arrêter sur le bord de la route et d’en haut je regardais mes taros de montagne, les Makue. Ce que j’ai planté avec mon fils sous le bois noir. Ils poussent bien, les feuilles, je veux dire… les tubercules ? C’est plutôt la question intéressante qu’il faut poser. Un jour, un homme de la tribu, une connaissance, en revenant de son travail à la municipalité m’a klaxonné en ouvrant sa vitre pour me crier en rigolant: « Hé, ton champ ne va pas se sauver. Tes tubercules d’ignames sortent déjà de l’autre de la rivière vers la chefferie Apou. » Si ça pouvait être vrai. Je riais… non j’en rêvais.
Le petit temple : Dedans, il n’y avait presque toujours personne ou alors quelques vieillards éparpillés le long des nombreux bancs qui accentuaient encore plus le grand vide. L’eau de Cologne et l’odeur de moisi tournoyaient dans l’air. Tout au fond, le pasteur, habillé de blanc prêchait la parole de Dieu. Moi, j’arrivais toujours en retard pour me mettre derrière l’assistance pour qu’après l’envoi liturgique, je me retirais sans qu’on me voie. Après, je rentrais chez moi. Je me sentais tout le temps bien. Bien, d’avoir écouté les paroles du dimanche. Bien, d’avoir été connecté à la dimension de l’Invisible.
Dans la petite voiture de Maselo
_ Bonjour Mme Hiké, vous savez que je ne vous ai pas reconnue et même depuis notre départ de Vavouto. C’est en évoquant ces souvenirs qui m’ont mis la puce à l’oreille. Nédivin, le lycée et après le service militaire.
_ Oui, Mr Maselo. Mais j’ai aussi connu la prison. Je me suis éventuellement aventurée dans ce milieu. C’était une expérience intéressante mais que je ne veux plus revivre mais surtout en parler. Je n’veux pas que ça se sache.
_ Et pourquoi donc ? Une vie c’est si bien avec des hauts et des bas. Des fois c’est bien meilleure avec plus de bas que de haut. N’est-ce pas ? Personnellement, je vois que votre sortie de prison ne vous a pas affectée plus qu’une autre situation.
Mr Maselo, vous êtes un homme. Et, nous n’avons pas les mêmes sensibilités.
_ Je n’avais jamais pensé à cela. J’ai toujours raisonné comme si notre cœur était d’une même texture pour que nous supportions pareillement tous les aléas de la vie.
_ Non ! Heureusement ou malheureusement, cela dépend de quel coté du problème on se place M. Maselo …
L’ordre des choses : Tchéou* un kanak originaire de la Province Nord, très jeune homme qui s’était engagé dans l’armée, lors d’une campagne africaine, traversait un désert avec à ses côtés un de ses supérieurs. Ils filaient à tombeau ouvert lorsqu’ils virent un arbre (le seul dans l’immensité vertigineuse) qui abritait un enfant et une chèvre. Il fit la manœuvre pour s’arrêter. Élan de solidarité du pays oblige mais le haut gradé lui intima de poursuivre leur route. Plusieurs heures après, ils arrivèrent à destination. Leur camp. Et le supérieur hiérarchique de demander au jeune subalterne s’il avait compris la raison pour laquelle il lui avait dit de ne pas s’arrêter pour aider l’enfant au côté de son animal : « Vois-tu, garçon, si on s’était arrêté pour aider le petit d’homme comme tu le pensais, on aurait effrayé la bête qui se serait enfuie à travers le désert en laissant le petit mourir. Ses parents l’ont laissé seul avec la bête pour que la chèvre le nourrisse de son lait quand il a faim. Les parents sont sûrement dans le désert en train de chasser ou s’occuper pour leurs besoins de la vie. »
Ce vécu m’a été rendu par mon beau-frère Whaap K. le week-end dernier à l’heure de la coutume de mariage de mon fils dont il est l’oncle maternel. Cette comédie relève de l’ordre du divin. Elle fait revenir au fond de chaque lectrice et lecteur, l’histoire de Rome. Allez, je m’arrête.
Je vous laisse le texte ci-après, souvenir du petit Charles, le vrai. Les autres, ils fréquentent toujours le CDT jusqu’au jour d’aujourd’hui et avec entrain comme si notre collège est parent du prénom, pardon plutôt des attributs. Saugrenus. Grands Dieux ! Bonne lecture à vous de la vallée. Wws
Lundi 27 avril 2015 21H35
Avant de partir à 7h45, j'appelais Köfö. C'était juste pour écouter sa voix. Cela faisait longtemps que nous ne nous étions plus vus. Saine et lui. Je lui racontais alors Charles avec qui j'avais cours de français vendredi parce que son prof de physique/chimie manquait, je pris son heure pour occuper les élèves en faisant quelques exercices de français. Je disais à Charles qui répondait tout le temps et chaque fois avant même que j’aie posé la question : « Mon garçon, tu es comme un coureur de 100m qui n'avait pas attendu que le juge donne le départ. Tu prends démarre à toute vitesse avant les autres athlètes sans connaître l’arrivée. Tu cours comme ça. Si ça se trouve tu cours dans le sens contraire à la course. » Tout le monde se mit à rire.
Köfö était aussi plié au téléphone. Il rajouta que Charles ressemblait à un personnage de bandes dessinées. La vache qui avait des roues à la place des pattes. Celles-ci tournaient à vide à toute vitesse mais elles ne faisaient pas avancer l’animal.
Question : combien y a-t-il de Charles dans vos cours cher(e)s collègues ?