Les larmes de l’île violée
Du Gondwana séparée, libre, elle avait dérivée.
Très éloignée du continent d’où elle était née,
Fatiguée, elle s'était arrêtée et lentement fixée.
Du corail s’érigea en barrière pour la protéger,
Mais le soleil des tropiques la faisait transpirer
Enfantant des sources d’où jaillir l’eau glacée.
Des graines portées par le doux souffle des alizés
L’habillèrent d'un duvet végétal germe de forêts
De plantes endémiques qui feront sa renommée.
Elle demeura ainsi en paix des millions d'années.
Quand des hommes vinrent pour la coloniser.
En piétinant son sol pour en faire des sentiers,
Ils coupèrent ses arbres pour pouvoir s’abriter
Et firent des brûlis pour planter l’igname sacrée.
Un vrai supplice qui ne faisait que commencer.
Défrichée, labourée et déjà couverte de plaies,
La découverte du minerai "nickel" allait la tuer.
De par sa chaire excavée transformée en acier
Demeurent des cratères béants jamais rebouchés.
Elle sanglote des rivières de larmes polluées
Pourprées comme le sang d’une terre violée.
JP Un poème ancien modifié le 24/02/2014