Le numéro 59 du petit journal Nuelasin de Tiéta est disponible et en téléchargement sur cet article

Publié le par ecrivainducaillou.over-blog.com

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Le petit plus du rédacteur en chef notre ami Léopold ci-dessous :

Bozusë. Ce n’est plus drôle à mes yeux d’afficher le tréfonds de mon être et je me pose toujours beaucoup de questions. Et cela n’est pas d’ordre culturel. Oh que non ! L’écriture est sûrement passée par là mais je ne dirai jamais qu’elle m’a libéré. Se retenir est un devoir. Je soulève seulement un pan de ma vie, le pan ‘soulevable’. Le reste de ma consistance, c’est pour le bilan que je présenterai à mes aïeuls

Wawa, mon amour… 

Cawiouko le Lundi 30 avril 2018 (7H20)

Je suis toujours amoureux de mes filles qui sont devenues femmes maintenant. Walila, Yvane (fille de mon petit frère), Sisa et Valiraka mais celle-là est encore toute petite et innocente. Elles sont à table en ce moment avec celle qui leur ressemble. Elles discutent avec leur maman. 

Samedi, journée de dédicace devant la librairie de Koné, le petit écolier. J’étais sur une chaise et devant la table à dédicace, où je signais mes livres ; je vis descendre vers le rond-point plus haut à quelques mètres de l’endroit où j’œuvrais. Wawa. Ma fille avec son petit ami. Ils allaient à la banque de la société générale qui se trouvait de l’autre côté du rond-point et à quelques pas de la librairie le petit écolier. Le garçon m’a tout de suite reconnu et de loin. Il s’arrêta et tourna sec sur ses pas. Il fit demi tour. Il disparut derrière la barrière de la mairie de Koné. Ma fille continuait toute seule pour retirer des sous au guichet extérieur de la banque. Elle allait repartir en traversant la chaussée lorsque Mme Noëlla la héla : « Faut pas avoir peur de nous saluer. Ton père est ici avec nous. Il dédicace ses livres. » Je vis l’étonnement dans les yeux de ma fille. Elle penchait légèrement la tête en balançant sa coiffure en queue de cheval pour me dénicher parmi le monde qui m’entourait. Je voyais bien que ma fille était gênée. Elle a été surprise. Elle avait honte. Toujours belle avec sa queue de cheval, elle vint m’embrasser pour dire bonjour. Elle salua le reste de monde qui m’entourait. Après un moment de discussion pour marquer son passage, elle repartit rejoindre son cœur caché quelque part, je ne sais où. 

Hier, pendant le petit-déjeuner, je m’apprêtais à faire la méditation avec Valiraka, Wawa arriva tout sourire dehors avec des baguettes de pain dans les bras. Il y a toujours un air nouvel lorsqu’elle arrivait à la maison. Sisa aussi mais toutes mes filles aussi. Même lorsqu’elles passaient en coup de vent. Wawa en stage à l’IRD, Sisa au lycée. Elles me mettent un quelque chose qui m’étrangle la gorge et qui me fend le cœur. Elles doivent partir un jour de la maison. Tel est le destin de nos filles. Hier, après le petit thé je n’ai pas arrêté d’embrasser ma fille. Oui, mais ce n’est plus pareil. Je n’embrasse pas Vali. Je n’embrasse plus la petite fille que Wawa était. Une femme. Et je suis un peu jaloux de son homme et un peu honte de moi-même. L’éducation que j’ai donnée à mes filles, j’y tiens. J’espère qu’elles rendront heureux celui qui sera captif de leur cœur et feront la joie de leur nouvelle famille.  

Après le départ de maman, je me surpris à chanter cette chanson qui m’arrivait sur les lèvres sans que je sache pourquoi. En réfléchissant, je me mis à pleurer. C’était en moi, enfouie depuis je ne sais. Je chantais, criais et pleurais. Trois en un. Moi.

N’était-elle pas belle la vie calédonienne/kanaky/caldienne etc... ? 

Aimons…chantons…vivons.

 

Publié dans Culture Kanak

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