Le numéro 83 de Nuelasin est disponible et en téléchargement dans cet article.

Publié le par ecrivainducaillou.over-blog.com

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Le plus de la rédaction :

Dans la petite voiture de Maselo

-        Tu vois le genre de situation que je n’aime pas. Les parents qui vaquent à leur occupation en laissant leurs gosses comme ça. Regarde, c’est la deuxième fois que je manque d’écraser ce petit. Le même. Ce doit être un terrible à la maison. Je n’imagine pas qu’il puisse être à l’école comme ça.

-        Je suis entièrement d’accord avec vous Mr Maselo. Au collège, y en a de beaucoup comme lui. Ce sont des terribles. Ces petits pensent que le collège, c’est comme à la maison où ils font ce qu’ils veulent. Le plus grave, c’est qu’ils sont des enfants de nos anciens élèves qui ont bien marché à l’école. J’en connais. 

-        Le fait qu’ils ont été très suivis, trop suivis par les parents quand ils étaient encore gamins. Euh… Je ne comprends pas Mme Madeleine. 

-        Je ne vais pas parler des enfants des autres Mr Maselo. Les miens. Mireille et Zibo; de très bons élèves. Ils se sont connus au lycée d’ailleurs. Leurs petits; des carnes je vous dis… 

Vidéos pour adultes: (Témoignage d'une élève de 3ème du collège de Tiéta repris par M. Pierre Qaeze dans son journal Ukehajin 2018)  

            Aujourd’hui on voit beaucoup de petites vidéos pour adultes qui tournent sur le Net. Dans ces vidéos, il se passe des choses que même aucune autre personne ne peut croire, à part les acteurs et actrices. Ils tournent des scènes sans même penser aux conséquences de leurs actes. Ce qui est gênant est le fait que ce sont des jeunes de notre pays qui en sont les acteurs et les réalisateurs de ces ‘machins.’ Franchement ils devraient avoir honte. Avec une telle activité, ils salissent l’image de notre pays. Ce qui m’a aussi choqué sont les noms qu’ils citent. Les noms des communes apparaissent dans tout cela. Personnellement, je trouve que ces petits films font une mauvaise publicité. Les jeunes comme ça, méritent d’aller à l’asile. Ça me rend triste de voir que la jeunesse est pervertie. Ces jeunes dans les vidéos ne pensent même pas aux conséquences de leurs gestes. En mettant leur production sur le Net ou sur facebook leurs petits frères, leurs sœurs et même leurs oncles pourraient visionner leurs films. Non seulement ils salissent le nom des communes mais ils salissent aussi la réputation de leurs familles. Après ce genre de bêtises, ils parlent d’indépendance. Bah bravo! La Calédonie veut dépendre d’elle-même ? Alors commençons d’abord par régler les problèmes de notre pays avec tous ces jeunes qui barrent en vrille !!! Je me demande vraiment s’ils ont un cerveau ces imbéciles. Salir notre pays c’est tout ce qu’ils savent faire. 

Expression drehu (dans Nuelasin 82)

            I muto ne Wanaham: Littéral/mouton de Wanaham. Wanaham est l’aérodrome de l’île où paissent des moutons autour de la piste d’atterrissage. Le mois de décembre, étant la période de sécheresse où l’herbe se fait plus rare. Les bêtes pour la survie mangent alors de tout. Il n’y a plus de mauvaise herbe. Tout est bon pour se mettre sous la dent. 

Les filles de l’île sont souvent comparées à ces bêtes qui ne font pas le choix de leur liaison. À tout venant et le premier venu, premier servi. Tant pis pour la casse. Nous sommes aussi à l’époque où le SIDA n’avait pas encore fait son apparition. Par contre, les autres maladies… la blennorragie et la syphilis faisaient ravage tout sexe confondu. Les filles en âge de donner des naissances accouchaient maternité sur maternité et à un rythme soutenu. Les autres avaient recours aux décoctions des vieilles mamans pour éviter d’avoir des enfants. C’étaient aussi la période des conflits ouverts entre hommes ou entre femmes par rapport aux déceptions amoureuses. La courbe des naissances était galopante où l’on mettait toujours des points d’interrogation sur la paternité lié au nouveau-né. L’homme est toujours lâche à cette nouvelle venue pour assurer ses responsabilités. 

Mise au clair: je reprends cette expression I muto ne Wanaham. Elle avait été partagée sur fb, mal comprise et mal rendue. La source (?), on ne connaît plus. Elle fait partie des bribes de paroles que le temps a portées jusqu’à nous. Certains artistes l’ont fixée dans leur compo, le cas de Tim Samek, ce n’est pas de lui. Je l’ai aussi reprise dans mes écrits. Elle n’est pas de moi. D’autres useront par la suite de cette diction. Certaines personnes encore écrivaient que ce n’est pas un dicton/proverbe… parce qu’elle n’est pas sortie d’un livre. Rappelons que cette parole est une métaphore qui vient bien du pays drehu (à cause du mot Wanaham) qui est d’une tradition orale. Cela ne voudrait en aucun cas dire que le dicton ‘incrimine’ les habitants de l’île qui vivent à Aero. Elle ne vise personne ou alors tout le monde et des deux sexes. Le libertinage est l’apanage de toutes les civilisations. Les sœurs s’ouvraient à tous venants et pareillement pour l’autre sexe qui allait vers toutes les femmes. Personne n’est fidèle à personne.

Ceci est ma tentative de mise au clair du dicton/proverbe du pays drehu (je signe) D’autres personnes apporteront d’autres explications… je veux bien le croire. J’ai une très grande souplesse d’esprit. J’attends. 

« Toi, tu ne manges pas, tu as déjà eu ta part. »

            Je pense à Pasteur Passa W. Il était élève pasteur à Bethania en 1978. La vie était si rude à l’époque que pour le petit déjeuner du lendemain, les étudiants pasteurs et sa famille ratissaient en marchant partout dans la cour de l’école et devaient longer la barrière attenante à la route principale du chef-lieu pour soulever les pierres de corail à la recherche des petits crabes violets qui sortaient la nuit. Leurs épouses les grillaient ensuite ou les cuisinaient au jus de coco. Un jour, en revenant de ses cours, il partit se changer et comme à son habitude fuma sa cigarette. Il vint ensuite se mettre au bout de la table. Sa place. Mais ce jour-là, avant de rendre grâce, il reçut en pleine figure, comme un boulet de canon, les paroles de sa conjointe dans une grande colère, l’index tendu: « Toi, tu ne manges pas, tu as déjà eu ta part.» Le pasteur stupéfié, écarquilla ses yeux en fixant sa compagne qui ne se démonta pas. Au contraire, son bras tendu jusqu’au doigt était bien raide. Il restait parallèle au dessus du niveau de la table. Ils se maintinrent ainsi, tels deux chiens en faïence. Après un long moment d’une tension très douloureuse le pasteur baissa le regard et par conséquent son rang. La raison était du côté de Mme. Aucune parole n’était dite. Pasteur se leva et sortit sans manger. Il ne revint que le soir après ses cours, rongé par moult pensées et à table, il rompit le silence: « Je te promets Rozielle* sur la tête de mes enfants qu’à compter de ce jour, j’arrête de fumer. » Tous demeurèrent silencieux. Son épouse s’étouffa en sanglotant sous le regard stupéfié de la descendance. 

            Sa voix émotive était vibrante et sonore. Pasteur présentait son récit de vie à mon fils Kalé et Lyzée (les deux mariés de vendredi dernier, de mes 58 années) la vie de couple et de comment il a compris du consensus sacrificiel. C’était à l’ombre du grand badamier du foyer wallisien. L’épouse de pasteur est partie chez nos aïeuls voila deux ans. Je lui dédie ce petit texte. Wws 

De deux pierres/un coup: Pendant le mariage de mon fils, il y avait eu la première partie des échanges coutumiers jeudi 24 mars dans la matinée chez les Waheo à RS. Pour recevoir la famille de la mariée, dans une allocution qu’on m’avait demandée, j’ai fait allusion au mariage (fait social qui n’existait pas chez nos aïeuls) A l’arrivée de l’évangile en 1842, dans ma grande chefferie de Hnengödrai (Mou Drehu) le chef avait dans sa cour 23 (vingt-trois) épouses. Épouse/compagne/conjointe ou je ne sais. (cf l’article dans Nuelasin, j’ai oublié, c’est dans les documents de Jean-Christ Ukeiwe, docteur en histoire, que j’ai puisé mes informations) Fao (le tongien évangéliste) a interdit la pratique de l’anthropophagie, la polygamie et autres… 

Je fus surpris qu’au moment du service du gâteau de mariage offert par les oncles maternels, le vieux Pombei W. annonça que c’était mon anniversaire et que je devais danser avec 23 femmes. Sûrement qu’il faisait allusion aux 23 épouses moins une, mises de côté par ma chefferie de Lössi du siècle dernier. Je fus alors assailli comme par une nuée de papillons qui m’arrivèrent par devant et derrière, je vous jure. Le vieil animateur du moment aurait dû désigner une seule femme pour que je lui offre la danse de mes 22 ans… il y eut alors pour la circonstance le gâteau des échanges coutumiers pour la monogamie dans le niveau inférieure de la salle des fêtes et dans le niveau supérieur, la danse d’incitation au retour à l’ancienne pratique sociétale. La p(…)gamie. Ce jour-là, je vous assure que j’ai commencé à éprouver de la haine pour Fao, parce que je préfère toujours Elisa même si je n’ai pas dansé avec elle. Chépavous. Hahaéèéè! 

Pour ce week-end,  je vous offre la fin d’une nouvelle que j’avais intitulée à l’époque La destinée. Histoire de Esther, une fille de Siloam à qui les gens de Hunöj ont présenté la coutume de mariage. Bonne lecture à vous de la vallée. Wws. 

Depuis le départ des gens de Hunöj, Esther n’était plus retournée dans la maison en dur. Elle était restée allongée à côté du feu au milieu de ses parents. Elle se sentit comme soudainement unie fortement à eux. Tous les faits et gestes qu’elle allait accomplir désormais à la maison seraient comptés, là, dans ce lieu où le reste de son cordon ombilical fut séché et enterré. Là où elle avait encore vu s’écouler son enfance. Tout le passé d’un seul coup revint en force dans sa mémoire, même les détails de la vie qu’elle avait décidés d’enfouir dans les parties les plus cachées de son être. Esther se rappela alors des coups de triques que la maman lui administra deux ans auparavant parce qu’elle était tombée sur un courrier qu’un flirt lui envoya d’Ouvéa. Elle avait pleuré et même qu’elle en était devenue malade. Esther avait ensuite projeté de quitter définitivement la maison en allant vivre chez ses oncles maternels. Elle soupesa ce passé. Aucun malentendu. Entre elle et ses parents rien ne doit entraver son départ. Tout en elle n’attendait plus que le mariage baisse le voile sur toute sa jeunesse et mette fin à ses années d’innocence. Il faut être bien avec soi-même pour avoir l’esprit libre et partir.

(extrait de je ne sais plus quel recueil de Léopold Hnacipan ni de quelle année. Fini vieux… n’est-ce pas WJH (gaucher) ?)

Publié dans Culture Kanak

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